Allongée au soleil sur le sable chaud, je savourais ce moment précieux de détente. J’essayais de ne penser à rien d’autre qu’au plaisir d’être là. C’était un des rares moments où mes douleurs étaient atténuées par la chaleur du soleil qui chauffait mon dos. Un peu de bien-être dans ce monde si dur pour moi. Mon tumulte intérieur était en sourdine l’espace d’un instant. Le vent chaud caressait ma peau et m’invitait au voyage. Le bruit des vagues. La douceur du sable chaud entre mes orteils. Je ressentais l’appel du large.
Je me levai pour aller me plonger dans les eaux calmes et cristallines. Les rayons du soleil faisaient étinceler la surface de l’eau. Des milliers de petits diamants semblaient y flotter. J’apercevais au fond de l’eau transparente de nombreux coquillages aux formes variées. Un banc de poissons colorés passa sous mes yeux émerveillés. Quelle belle journée !
— Stéphanie ! Par ici ! Je suis là.
Je relevai la tête et me retournai. Mon mari se trouvait devant moi, dans une petite embarcation qu’il avait louée.
— Monte !
Nous glissions lentement sur la surface de l’eau, admirant le magnifique paysage qui s’offrait à nos yeux. Je fus prise d’une envie irrésistible de me baigner. Je m’avançai sur le devant du bateau, prête à plonger. Je me trouvais devant l’immensité de l’étendue de l’eau, à perte de vue. Le ciel commençait à se parer de couleurs chatoyantes. « Le brûlant soleil de juillet descendait à l’occident et enveloppait la baie […] d’une chaude lumière rouge. » Un frémissement me parcourut tout le corps de part en part. J’étais en train de revivre la première scène du livre que j’avais dévoré ces derniers jours. Tous les éléments étaient réunis. Une chaude journée d’été à la plage. Un coucher de soleil. Un plongeon. Et soudain… le drame !
Mes larmes ont commencé à troubler ma vue et j’éprouvai une profonde tristesse mêlée d’empathie. Il me semblait ressentir ce que cette jeune américaine de dix-sept ans avait vécu. En une fraction de seconde, la vie tranquille de Joni Eareckson avait basculé dans le chaos. En plongeant, elle s’était brisé le cou et était restée paralysée de la nuque aux pieds.
Cette autobiographie m’avait bouleversée et avait provoqué en moi un déclic. Au fil des pages, j’y avais fait la rencontre d’une femme courageuse et admirable. Elle avait vécu des choses tellement difficiles ! Bien plus que tout ce que j’avais subi. Quelques heures après son accident, on lui avait rasé la tête. Un foret lui avait percé chaque côté du crâne pour y accrocher deux pinces. Enfermée dans un cadre de toile, on la retournait toutes les deux heures avec, comme seuls panoramas, le plancher ou le plafond. Elle avait dû accepter d’être paralysée à vie, avec toutes les conséquences que cela entraînait. Et pourtant… son livre était plein d’espoir et de foi en Dieu.
J’étais impressionnée par son honnêteté : elle y avouait ses doutes, ses tentations et ses combats, comme ses désirs sexuels inassouvis. Elle y décrivait d’une manière si juste les différentes étapes par lesquelles elle était passée. J’aspirais à être comme elle, aussi forte et proche de Dieu. Elle est devenue un modèle pour moi.
Je n’étais plus seule dans mes combats. Je cheminais avec cette femme, que je n’avais jamais vue, à la découverte d’aspects de Dieu que je ne connaissais pas. Au fur et à mesure de ma lecture, je découvrais son attachement grandissant à Dieu et son changement de regard sur lui et sur l’épreuve. C’est ce que je voulais dans ma vie ! Les versets de la Bible qu’elle citait me marquaient profondément et m’apaisaient comme miraculeusement. Je comprenais, en même temps que Joni, ce que Dieu attendait de moi.
Au fil de ma lecture, mon regard se décentrait de ma personne et prenait de la hauteur. Un espoir renaissait en moi.
Comme Joni, j’étais poussée à me plonger dans la Bible et la littérature chrétienne, en quête d’une connaissance de Dieu plus profonde. J’étais assoiffée spirituellement. Au détour d’un chapitre, j’ai prononcé cette prière avec elle :
— … Je sais désormais que je dois avancer avec la vie que tu me donnes.
— … et pour l’accepter.
— … pour saisir pleinement ce qui est écrit dans la Bible et le mettre en pratique.
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Stéphanie Koumarianos.
Extrait de Mon bonheur à l’épreuve.
Paru en novembre 2017.