4. L’Agneau de Dieu (1:29-34)
Jean reprend le fil de sa semaine et en raconte maintenant le deuxième jour. Certains membres de ce même comité étaient à coup sûr présents pour écouter le message de Jean-Baptiste. Cette fois, il désigne Jésus comme « l’Agneau de Dieu », un titre qu’il reprendra le lendemain (Jean 1:35-36). Ce titre pourrait, dans une certaine mesure, résumer tout le message de la Bible. La question dans l’Ancien Testament est: « Où est l’agneau? » (Gen. 22:7). Les quatre Évangiles mettent l’accent sur: « Voici l’Agneau de Dieu! ». Il est là! Après vous être confiés en lui, vous chantez désormais avec le chœur céleste: « L’Agneau […] est digne » (Apoc. 5:12).
Le peuple d’Israël associait couramment les agneaux aux sacrifices. À la Pâque, chaque famille devait sacrifier un agneau. Durant l’année, deux agneaux étaient sacrifiés chaque jour sur l’autel du temple, sans compter tous les autres agneaux sacrifiés pour des raisons personnelles. Ces agneaux étaient apportés par des hommes et remis aux hommes, mais l’Agneau de Dieu a été donné par Dieu à l’humanité! Ces agneaux ne peuvent ôter le péché, seul l’Agneau de Dieu en est capable. Ces agneaux étaient réservés à Israël, mais cet Agneau versera son sang pour le monde entier!
Quel est le lien entre le baptême de Jean et le fait que Jésus soit l’Agneau de Dieu? Tous les spécialistes chrétiens, quelle que soit leur dénomination, vous le diront: dans le Nouveau Testament, le baptême se faisait généralement par immersion. Il représentait la mort, l’ensevelissement et la résurrection. Le baptême de Jésus par Jean-Baptiste symbolisait le « baptême » que Jésus allait endurer à la croix à sa mort en tant qu’agneau sacrificiel de Dieu (Ésaïe 53:7; Luc 12:50). En effet, pour « accomplir toute justice » selon Matthieu 3:15, l’Agneau de Dieu devait subir la mort, l’ensevelissement et la résurrection.
Jean-Baptiste pensait peut-être se tromper. Peut-être doutait-il que Jésus de Nazareth soit réellement l’Agneau de Dieu ou le Fils de Dieu. Pour lever ce doute, le Père a envoyé l’Esprit sous forme de colombe. Quelle belle image de La Trinité!
5. Le Messie (1:35-42)
Nous voici maintenant au troisième jour du récit. Les noces de Cana (Jean 2:1) auront lieu au septième jour. Étant donné que les mariages juifs se déroulaient traditionnellement le mercredi, le troisième jour est donc le jour du sabbat. Mais ce n’est pas un jour de tout repos pour Jean-Baptiste ou Jésus: tandis que Jean-Baptiste prêche, Jésus rassemble ses disciples.
Les deux disciples de Jean-Baptiste qui ont suivi Jésus sont Jean, l’auteur de cet Évangile, et son ami André. Jean-Baptiste se réjouit de voir des gens le quitter pour suivre Jésus. Pourquoi? Parce que son ministère tourne autour de la personne de Jésus: « Il doit devenir de plus en plus grand, moi de plus en plus petit » (Jean 3:30).
Lorsque Jésus leur demande: « Que désirez-vous? », il les pousse à définir leurs objectifs. Sont-ils à la recherche d’un chef de file révolutionnaire pour renverser Rome? Si c’est le cas, ils feraient mieux de rejoindre les Zélotes. Ce jour-là, André et Jean sont loin de se douter de toute la transformation que le Fils de Dieu opérera dans leur vie.
« Où habites-tu? » lui demandent-ils, comme pour lui dire: « Si tu es trop occupé maintenant, nous pouvons toujours te rendre visite plus tard ». Mais que fait Jésus? Il les invite à passer la journée avec lui (il est 10 heures du matin). Il profite certainement de ce temps avec eux pour les informer de sa mission, leur révéler les pensées de leur propre cœur et répondre à leurs questions.
Ils sont tellement impressionnés qu’ils partent appeler leurs frères pour les amener à Jésus. André vient avec Simon et Jean avec Jacques. Voilà de vrais gardiens de leurs frères (Gen. 4:9)! Dans l’Évangile selon Jean, dès qu’il s’agit d’André, vous le verrez toujours amener quelqu’un à Jésus: son frère, le garçon aux cinq pains et aux deux poissons (Jean 6:8-9) et les Grecs qui veulent voir Jésus (Jean 12:20-21). On ne trouve aucun discours d’André dans l’Évangile, mais ses actes valent mieux que les plus grandes prédications pour ce gagneur d’âmes!
« Nous avons trouvé le Messie »: André vient de témoigner à Simon. Le mot hébreu « Messie » signifie: « oint ». Son équivalent grec est: « Christ ». Pour les Juifs, il a la même signification que « Fils de Dieu » (voir Matt. 26:63-64; Marc 14:61-62; Luc 22:67-70). Dans l’Ancien Testament, les prophètes, les sacrificateurs et les rois étaient oints et, par conséquent, mis à part pour un ministère spécifique. Les rois étaient désignés comme les « oints de Dieu » (1 Sam. 26:11; Ps. 89:20). Le Messie, dans la conception juive, était donc un roi qui viendrait les délivrer et mettre sur pied un nouveau royaume.
Les enseignants juifs n’étaient pas tous d’accord quant à ce que le Messie allait entreprendre. Certains le considèrent comme un sacrifice (Ésaïe 53), et d’autres comme un roi glorieux (Ésaïe 9 et 11). Jésus doit expliquer, même à ses propres disciples que la croix doit précéder la couronne. Qu’il doit souffrir avant de pouvoir entrer dans sa gloire (Luc 24:13-35). Jésus est-il vraiment le Messie? C’est une question essentielle qui fait débat chez les Juifs de l’époque (Jean 7:26, 40-44; 9:22; 10:24).
L’entretien de Simon avec Jésus change sa vie. En outre, il reçoit un nouveau nom: Pierre (en grec), ou Cephas (en araméen, la langue parlée par Jésus). Dans les deux langues, ce nom signifie: « rocher ». Jésus a dû fournir des efforts considérables pour transformer le faible Simon en roc, mais il y est parvenu! « Tu es […] tu seras […] » (v. 42) est une grande source d’encouragement pour tous ceux qui croient en Christ. Il donne réellement « le pouvoir de devenir » (Jean 1:12).
Notons qu’André et Jean croient en Christ à travers la prédication fidèle de Jean-Baptiste. Pierre et Jacques viennent à Christ grâce à la compassion agissante de leurs frères. Plus tard, Jésus gagnera personnellement Philippe, puis Philippe rendra témoignage auprès de Nathanaël et l’amènera à Jésus. L’expérience diffère d’une personne à l’autre, car Dieu utilise divers moyens pour amener les pécheurs au Sauveur. Le plus important est de se confier en Christ et de chercher ensuite à en amener d’autres à lui.
6. Le roi d’Israël (1:43-49)
Jésus a personnellement appelé Philippe, Philippe lui a fait confiance et l’a suivi. Dieu prépare habituellement une personne avant de l’appeler; comment a-t-il préparé le cœur de Philippe? Nous l’ignorons complètement. En revanche, nous savons que Philippe a manifesté sa foi en la partageant avec son ami Nathanaël.
Selon Jean 21:2, au moins sept des disciples de notre Seigneur pratiquent la pêche, Nathanaël y compris. Les pêcheurs sont des personnes courageuses qui savent affronter les difficultés. Au départ, Nathanaël doute au sujet de Jésus. Il ne croit pas que quelque chose de bon puisse venir de Nazareth. Notre Seigneur est né à Bethléem, mais il a grandi à Nazareth est donc montré du doigt. (Matt. 2:19-23). Se faire appeler « nazaréen » (Actes 24:5), c’est être méprisé et rejeté.
Face à l’hésitation et aux arguments de Nathanaël, Philippe s’approprie les paroles du Seigneur: « Venez et vous le verrez » (Jean 1:39). Plus tard, Jésus lancera cette invitation: « qu’il vienne à moi et qu’il boive! » (Jean 7:37) et « Venez déjeuner » (Jean 21:12). « Viens » est la formidable invitation de la grâce de Dieu.
Nathanaël vient donc à Jésus. Là, il découvre que le Seigneur sait déjà tout à son sujet! Quel choc! Jésus l’a désigné comme « un Israélite sans arrière-pensées », certainement en référence à Jacob, l’ancêtre des Juifs. Jacob avait employé la ruse pour tromper son frère, son père et son beau-père. Le nom Jacob a été changé en Israël qui signifie, « un prince avec Dieu ». La référence à « l’échelle de Jacob » en Jean 1:51 le confirme.
Lorsque Jésus révèle ce qu’il sait de Nathanaël, d’où il vient et ce qu’il fait, il finit par le convaincre qu’il est « le Fils de Dieu, […] le roi d’Israël » (v. 49). Nathanaël fait une expérience similaire à celle de la Samaritaine au puits: « Quand il [le Messie] sera venu, il nous annoncera tout » et « Venez voir un homme qui m’a dit tout ce que j’ai fait » (Jean 4:25, 29). Les Églises locales doivent aussi être capables de révéler les pensées des cœurs (1 Cor. 14:23-35).
Lorsque Philippe rend témoignage auprès de Nathanaël, il se base sur Moïse et les prophètes (Jean 1:45). Jésus vient peut-être de lui donner un cours « en accéléré » sur les prophéties messianiques de l’Ancien Testament, comme il l’a fait avec les disciples d’Emmaüs (Luc 24:13s). Il est toujours bon de relier notre témoignage personnel à la parole de Dieu.
Le titre de « Roi d’Israël » est similaire à celui de « Messie, l’Oint ». En effet, les rois étaient toujours les oints de Dieu (voir Psaumes 2, particulièrement les versets 2, 6 et 7). À un certain moment de son ministère terrestre, les foules veulent introniser Jésus comme Roi, mais il refuse d’accéder à leur requête (Jean 6:15). Il s’est bel et bien présenté comme Roi (Jean 12:10s), et il a affirmé à Pilate qu’il est Roi depuis sa naissance (Jean 18:33-37).
Nathanaël et Barthélemy sont-ils la même personne, comme certains commentateurs le croient? Contrairement aux trois autres auteurs des Évangiles, Jean ne mentionne jamais Barthélemy dans son récit, mais Nathanaël. Dans la liste des noms, Philippe apparaît aux côtés de Barthélemy (Matt. 10:3; Marc 3:18; Luc 6:14). Il est donc possible que les deux hommes n’en fassent qu’un. À cette époque-là, il est assez courant qu’un homme ait deux prénoms.
7. Le Fils de l’homme (1:50-51)
Le titre « Fils de l’homme » était l’un des préférés de notre Seigneur. Ce terme apparaît 83 fois dans les Évangiles et au moins 13 fois dans l’Évangile selon Jean. Ce titre fait référence à la fois à la divinité et à l’humanité de Jésus. La vision de Daniel 7:13 présente le « Fils de l’homme » dans un contexte messianique bien défini et Jésus utilise ce titre de la même manière (Matt. 26:64).
En tant que Fils de l’homme, Jésus fait office de « lien vivant » entre le ciel et la terre. D’où sa référence à l’échelle de Jacob (Genèse 28). Jacob, le fugitif, se croyait seul, mais Dieu avait envoyé les anges pour le protéger et le guider. Christ est « l’échelle » de Dieu entre le ciel et la terre: « Personne ne parviendra jusqu’au Père sans passer par moi » (Jean 14:6). À plusieurs reprises dans Jean, Jésus rappelle qu’il est venu du ciel. Les Juifs savent que « Fils de l’homme » désigne leur Messie (Jean 12 :34).
À la fin de ce quatrième jour, six hommes croient en Jésus. Six disciples. Ils n’ont certes pas immédiatement « tout abandonné pour le suivre » sur-le-champ, mais ils le feront plus tard. En revanche, ils lui font confiance et sont témoins de sa puissance. Durant les trois prochaines années, ils vont grandir dans leur foi, en apprendre davantage sur Jésus et poursuivre son œuvre sur la terre pour que la Parole soit apportée à toute l’humanité.
Jésus de Nazareth est Dieu fait chair. Lorsque Philippe l’appelle « fils de Joseph », il ne renie pas l’immaculée conception ou la nature divine de Jésus. Il fait simplement référence à son identité légale, liée à celle du père, chez les Juifs (Jean 6:42). Le témoignage qui ressort de ce chapitre est clair: Jésus de Nazareth est Dieu fait chair!
Extrait de Soyez vivants, de Warren Wiersbe, paru en février 2021