L’urgence oubliée de la vie chrétienne
L’enfer existe-t-il vraiment? Si oui, à quoi ressemble-t-il? Alors que ces deux questions font l’objet de bien des controverses, le tableau qu’en dépeint la Bible est terriblement sombre. Ni Jésus, ni ses disciples, n’essayaient de le cacher. Jésus a dit: « Celui qui croit au Fils a la vie éternelle; celui qui ne se confie pas au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui » (Jean 3: 36). L’apôtre Paul, quant à lui, affirme que Jésus reviendra « pour punir ceux qui ne connaissent pas Dieu et ceux qui n’obéissent pas à l’Évangile de notre Seigneur Jésus. Ils auront pour juste châtiment une ruine éternelle, loin de la face du Seigneur et de la gloire de sa force » (2 Thessaloniciens 1: 8–9).
De tels versets ont poussé de multiples générations de missionnaires à annoncer la Bonne Nouvelle aux quatre coins du monde, à risquer des souffrances indescriptibles et à offrir leur vie comme un sacrifice vivant. John Paton se rendit ainsi avec sa famille dans les îles des Nouvelles-Hébrides. Peu de temps après leur arrivée, sa femme et son bébé moururent. Il put malgré tout rendre ce témoignage: « Le jour où l’île de Tanna se tournera vers le Seigneur et sera tout entière gagnée à Christ, le souvenir de cet endroit sera toujours verdoyant. C’est là qu’à travers des prières et des larmes incessantes, j’ai proclamé que cette contrée appartenait à Dieu-cette même contrée où, plein de foi et d’espérance, j’avais enterré mon épouse et mon enfant ».
C’est en 1866 que Robert Jermain Thomas sentit que Dieu l’appelait à se rendre en Corée pour y proclamer la Bonne Nouvelle, suite au massacre d’environ huit mille croyants locaux par le régime hostile au christianisme. Il embarqua à bord d’un navire marchand américain en direction de Pyongyang. Malgré des avertissements répétés lui sommant de faire demi-tour, l’équipage continua sa route jusqu’à ce que l’embarcation s’échoue sur un banc de sable. Les Coréens mirent le feu au bateau. Tous les hommes tentèrent de s’échapper, mais ils furent tués par les soldats qui se tenaient sur la rive.
Seul Thomas avait décidé de rester sur le navire. Sous le regard des Coréens, il jeta toutes les Bibles qu’il avait apportées avec lui par-dessus bord. Ses vêtements en feu, il finit par sauter du bateau. Après avoir atteint la rive, il supplia l’un des soldats d’accepter sa dernière Bible en cadeau. Ce dernier hésita avant d’accomplir son devoir: d’un coup de lance, il assassina le jeune Gallois de 27 ans. Les témoins furent profondément marqués par la scène. Quelques-unes des Bibles furent repêchées et leurs pages servirent de papier peint dans les habitations voisines.
Il ne fallut pas bien longtemps avant que les habitants, piqués par la curiosité, se mettent à lire les Écritures et se convertissent au christianisme – et ce, malgré le coût personnel incalculable que leur conversion impliquait. Par un seul homme, poussé par un sentiment d’urgence et décidé à offrir sa vie, le royaume de Dieu a gagné du terrain en Corée.
Que ce soit à l’étranger ou dans notre propre pays, ce sentiment d’urgence et cette passion pour les perdus devrait s’emparer de nous. Robert Murray McCheyne mourut jeune, lui aussi – à seulement 29 ans – mais pas sans avoir participé au Réveil du pays qu’il aimait tant, l’Écosse. Nombreux étaient ceux qui voulaient découvrir la clé de sa puissance spirituelle. L’un d’entre eux entreprit ainsi un pèlerinage vers l’Église de McCheyne. Il posa la question suivante au sacristain: « Pourriez-vous me dire quel était le secret de son œuvre? » Le sacristain le conduisit dans l’ancien bureau de McCheyne, l’invita à s’asseoir dans le fauteuil que ce dernier avait occupé pendant tant d’années, avant de dire simplement: « Maintenant, plongez le nez dans ce livre et pleurez. C’est ce qu’il faisait toujours avant de prêcher ».
Les besoins sont partout. L’appel concerne tout le monde. C’est ce que William Booth, le fondateur de l’Armée du Salut, expliqua:
Vous dites: « Je n’ai pas été appelé! » Vous devriez plutôt dire: « Je n’ai pas entendu l’appel ». Placez votre oreille sur la Bible, et entendez-le [Dieu] vous enjoindre de sortir des pécheurs du feu du péché. Placez votre oreille sur le cœur accablé et angoissé de l’humanité, et entendez ses pitoyables gémissements à l’aide. Tenez-vous près des portes de l’enfer, et entendez les damnés vous implorer d’aller à la maison de leur père pour convaincre leurs frères, leurs sœurs, leurs serviteurs et leurs maîtres de ne pas les retrouver ici. Puis regardez Christ en face – lui dont la miséricorde vous a conduit à déclarer votre obéissance – et dites-lui si votre cœur, votre âme, votre corps et vos circonstances se joindront à la marche pour annoncer sa miséricorde au monde entier.
Il est si facile d’avancer dans la vie de façon indifférente et désengagée des besoins spirituels et physiques des personnes que nous rencontrons. Puisque la majorité d’entre nous ne vit pas littéralement dans une zone de guerre, nous n’avons pas l’impression qu’il est urgent de partager l’Évangile. Nous préférons ne pas risquer de froisser ou d’offenser qui que ce soit. Nous craignons de nous faire repousser ou rejeter. En fait, nous croyons à l’un des plus grands mensonges de Satan: « Ne t’en fais pas, n’y pense pas maintenant, tu auras tout le temps plus tard ».
Il y a quelques années, je suis tombé sur cet avis de décès :
Salvador Sanchez, 23 ans, champion poids plume (World Boxing Council), reconnu comme l’un des meilleurs boxeurs, est décédé des suites de ses blessures lors de la collision entre sa Porsche 928 et deux camions au nord, de Queretaro au Mexique. Après avoir abandonné l’école à 16 ans, il avait expliqué: « J’ai compris que j’aimais taper les gens et que je n’aimais pas étudier, alors je me suis mis à la boxe ». Fin tacticien, il épuisait ses adversaires pour mieux les mettre K.O. en fin de round. Son record: 44 victoires, 1 nul, 1 défaite. Il déclarait le mois dernier: « J’aimerais rester invaincu. Je n’ai que 23 ans, et j’ai tout le temps devant moi » (italiques de l’auteur).
Il se trompait lourdement. Nous n’avons pas tout le temps devant nous. Mes amis qui sont décédés dans des accidents de voiture ou après une longue lutte contre le cancer n’avaient pas prévu de partir ainsi. Qu’en est-il de vos collègues, des êtres qui vous sont chers, des membres de votre équipe de sport, de vos voisins? L’appel à nous sacrifier implique de sortir de notre zone de confort pour vivre avec un sentiment d’urgence et d’être prêt à faire face aux conséquences de nos décisions quelles qu’elles soient.
Lors de la Seconde Guerre mondiale, l’une des batailles les plus coûteuses en termes de vies humaines se déroula à Iwo Jima, à un peu plus de 900 kilomètres au sud de Tokyo. Les alliés voulaient utiliser ses deux pistes d’atterrissage stratégiques comme bases de lancement pour des attaques contre le Japon. Le 19 février 1944, vingt-deux mille soldats japonais se tenaient prêts à défendre l’île jusqu’à la mort, et environ vingt-six mille militaires américains perdirent la vie pour la conquérir. Dans le bain de sang de cette journée, il y eut d’innombrables actes d’héroïsme.
Des milliers et des milliers d’hommes se sont sacrifiés pour une cause plus grande qu’eux. En vous rendant sur les lieux, vous y verrez ce message à l’extérieur du cimetière:
Quand vous reprendrez votre chemin
Décrivez-leur ce que vous avez vu ici;
Dites-leur que pour votre lendemain
Nous avons donné notre aujourd’hui
Paul nous exhorte à l’action. Le choix vous appartient. Qu’allez-vous décider? Choisirez-vous de donner votre aujourd’hui pour que d’autres aient un lendemain?
Extrait du livre Zélés pour Dieu, de Simon Guillebaud, paru en janvier 2021.