La mission: oui, mais comment?

Un de mes amis était enfant de missionnaire en Europe. Récemment, il m’a parlé d’une fois où sa famille et lui ont visité une Église lors d’un séjour aux États-Unis. Il avait probablement neuf ans à l’époque. Peu après leur arrivée, un des membres de l’Église l’a invité à venir choisir des jouets et autres choses dans le « placard des missionnaires » de leur église. En tant que jeune garçon, il était intrigué et plein d’enthousiasme. La personne de l’Église a ouvert la porte d’un grand placard. Celui-ci débordait de vêtements usés, de vieux ordinateurs et de jouets avec des pièces manquantes. Mon ami était anéanti.

Je suis sûr que les membres de cette Église étaient bien intentionnés. Mais de toute  évidence, un placard d’ordures n’est pas ce que Dieu considère comme un soutien idéal aux missionnaires. Mais quel est son idéal? Comment envoyer correctement des missionnaires? Quand peut-on affirmer que le soutien est suffisant? D’ailleurs, qui devons-nous envoyer? Sans surprise, les réponses se trouvent dans la Bible.

DES PRINCIPES FONDAMENTAUX TIRÉS DE 3 JEAN 1.1-8

Dans sa troisième lettre, l’apôtre Jean instruit son ami Gaïus sur l’importance de  soutenir les évangélistes missionnaires itinérants. Par la même occasion, il nous donne un certain nombre de principes bibliques qui façonnent notre manière d’envoyer et de soutenir nos missionnaires.
Se surnommant lui-même « l’ancien », Jean écrit:

De la part de l’ancien, à mon très cher ami Gaïus que j’aime vraiment. Très cher ami, je souhaite que tout aille bien pour toi et que tu sois en aussi bonne santé physiquement que tu l’es spirituellement. J’ai éprouvé une grande joie quand des frères et sœurs sont arrivés et qu’ils ont déclaré que tu vis vraiment en accord avec la vérité. Ma plus grande joie, c’est d’apprendre que mes enfants vivent en accord avec la vérité.
Très cher ami, tu es fidèle dans tout ce que tu fais pour les frères, même étrangers. Ils ont témoigné de ton amour devant notre Église. Aide-les, je t’en prie, à financer la suite de leur voyage, d’une manière digne de Dieu. En effet, ils se sont mis en route pour le servir sans rien accepter des païens. Nous avons donc le devoir de soutenir de telles personnes, et ainsi être des collaborateurs de la vérité (3 Jn 1.1-8; NFC).

Ce court passage contient un certain nombre d’implications directes pour les missions. Examinons-en cinq.

1. Il est normal de se soucier de la mission et des missionnaires (v. 3,5,8).

Jean affirme que son ami Gaïus « [vit] vraiment en accord avec la vérité » et qu’il « [est] fidèle dans tout ce [qu’il fait] pour les frères ». Il conclut que « nous avons donc le devoir de soutenir de telles personnes [les missionnaires] ». Les Écritures sont claires sur le fait que le désir de soutenir la diffusion de l’Évangile auprès de ceux qui ne l’ont pas entendu est un élément normal de la santé chrétienne.

2. La coopération entre les Églises locales est encouragée (v. 3,7).

De même, la coopération entre Églises locales dans la mission est considérée comme une très bonne chose. Ces évangélistes sont issus d’une autre Église, probablement de celle de Jean. Ils sont « étrangers » à Gaïus (v. 5), donc, visiblement, ils ne sont pas de son assemblée. Et pourtant, Jean déclare que Gaïus doit soutenir ces personnes afin que l’Église de Jean et celle de Gaius puissent œuvrer ensemble pour la vérité. Le soutien mutuel entre missionnaires est un véritable partenariat évangélique qui fait honneur à Christ.

3. Il est crucial de déterminer qui nous devons soutenir (v. 6-8).

Mais comment savoir qui soutenir? L’apôtre Jean réduit considérablement la liste. Certes, les chrétiens peuvent partager l’Évangile lorsqu’ils se dispersent à cause de la persécution (Ac 8.4) ou lorsqu’ils voyagent pour les affaires (Ja 4.13). Mais Jean décrit une obligation morale particulière, à savoir de soutenir ceux qui ont été envoyés « pour le servir ». C’est à ces personnes que nous devrions apporter un soutien matériel. Malgré la mondialisation et la mobilité, jusqu’au retour de Christ, il sera toujours nécessaire que les Églises forment, envoient et soutiennent financièrement les personnes reconnues comme missionnaires.

De plus, lorsque Jean précise que ces missionnaires œuvrent « sans rien accepter des païens », il semble dire qu’ils ne gagnent pas d’argent avec l’Évangile; l’Église doit donc pourvoir à leurs besoins. Beaucoup de gens partagent l’Évangile. Louons Dieu pour cela! Mais seuls certains d’entre eux peuvent légitimement prétendre au soutien financier de l’Église locale. Ce sont ces hommes et ces femmes que nous appelons « missionnaires ».

Les missionnaires ne sont pas de simples agents libres auto-proclamés. Ils doivent rendre des comptes à une Église locale précise. Les missionnaires mentionnés dans 3 Jean sont probablement redevables à l’Église de Jean à Éphèse. Avez-vous remarqué le lien qui est fait avec l’Église au verset 6? Jean dit à Gaïus que ces missionnaires ont « témoigné de [son] amour devant [leur] Église ». Après avoir été soutenus par Gaïus, ils retournent dans l’Église qui les a envoyés et ils font un compte-rendu. L’épître de Jean, entre autres, semble être la recommandation de l’Église pour ces missionnaires en tant qu’ouvriers approuvés. Au sens biblique, les missionnaires sont liés à une Église locale. Il en a toujours été ainsi.

4. Le soutien doit être abondant (v. 6).

De même, Jean ne nous laisse pas nous interroger sur ce à quoi devrait ressembler notre soutien pour les missionnaires. Il devrait être généreux, abondant, fourni « d’une manière digne de Dieu ». Ce souci que les ouvriers chrétiens soient amplement approvisionnés fait écho ailleurs dans la Bible. Paul donne cette instruction à Tite: « Aie soin de pourvoir au voyage de Zénas, le docteur de la loi, et d’Apollos, en sorte que rien ne leur manque » (Tit 3.13). Lorsque nous soutenons les missionnaires, notre but devrait être qu’ils ne manquent de rien, comme si nous soutenions Jésus lui-même pour un voyage. Cela place la barre très haut.

5. La motivation est l’amour de la gloire du Christ (v. 7,8).

Enfin, l’élan qui doit animer l’aller, l’envoi et le soutien doit être l’amour pour la gloire et la connaissance du nom et de la vérité de Christ. La glorification du nom de Christ est le moteur de l’élan missionnaire. Les besoins de ceux qui ne sont pas encore atteints par l’Évangile sont immenses, mais Jean nous pousse à envoyer des gens pour la renommée du grand nom de Christ et pour la gloire de sa vérité.

Ces principes de 3 Jean sont clairs, et l’obéissance à ces principes pourrait révolutionner la façon dont certains d’entre nous conçoivent le soutien des missions de nos Églises.

Extrait du livre La mission [9 Marks], de Andy Johnson, paru en mars 2021