Il n’y a pas si longtemps, je suis allée voir un beau spectacle de danse celtique. Étrangement, ce ne sont pas les danses et la musique (pourtant magnifiques) qui m’ont le plus marquée, mais une parole de l’acteur principal (qui jouait le rôle d’un Irlandais) : « Chez nous, l’hospitalité est un honneur. Nous n’avons pas de mot pour l’étranger. Pour nous, l’étranger est un ami que nous n’avons pas encore rencontré ». Autant dire que cette parole tombait à pic étant donné que la question des migrants fait largement débat en France comme dans plusieurs autres pays avoisinants.
Avouons-le : en France, l’étranger n’est pas toujours accueilli en ami. Mais avant de développer, j’aimerais préciser un peu ce que j’entends par « étranger » : en utilisant ce terme, j’ai principalement en tête ceux qui d’une manière ou d’une autre sont vraiment différents de nous. Je ne pense pas uniquement au réfugié, mais aussi à l’étudiant et à l’homme d’affaires venus de très loin, et même ce voisin français d’origine étrangère qui a gardé les coutumes de son pays d’origine et qui est visiblement bien différent de nous.
À présent, que pouvons-nous dire à ceux qui n’auraient pas spécialement envie d’accueillir ces étrangers ou à nous-mêmes (si nous faisons partie de ceux qui ont cultivé cette peur) ? Voici donc trois raisons (parmi d’autres) que propose Jean-Pierre Magréault dans son livre Même pas peur ! :
1) La peur est souvent provoquée par notre imagination… et les médias ne nous aident pas. Souvent, nos idées et nos convictions ne sont pas issues de notre propre réflexion. Mais elles sont modelées par autrui (sans forcément qu’on s’en rende compte). Nous ne ferons pas forcément la part des choses et c’est ainsi que nous pouvons avoir une image faussée de l’étranger. Nous mettrons des barrières alors que nous aurions plutôt dû construire des ponts. En faisant cela, nous nous privons d’une grande richesse : la rencontre avec l’étranger qui apporte son savoir, son mode de vie et sa vision du monde.
2) Le mal ne sort pas du cœur des étrangers, mais du cœur de tous les hommes. Même si l’étranger paraît plus effrayant dans la mesure où il est radicalement différent de nous (et que l’inconnu fait peur), cela signifie-t-il que c’est la réalité ? Est-il plus pécheur que nous ? La réponse est non (Romains 3 : 22-23). L’étranger est un être humain avant d’être originaire de tel ou tel pays. C’est un être humain comme nous, descendant d’Adam et Ève, un pécheur comme nous qui a autant de valeur que nous… aux yeux de Dieu.
3) Dieu aime l’étranger tout autant qu’il nous aime. Oui, il aime tous les hommes sans distinction. Même si l’étranger a une apparence, des coutumes et des croyances différentes des nôtres, il n’en reste pas moins un homme que Dieu aime profondément et qu’il veut sauver. Après tout, n’a-t-il pas envoyé son Fils unique pour sauver toutes les nations (1 Timothée 2 : 4) ?
Et si demain des réfugiés venaient demander de l’aide près de chez nous, quel exemple pourrions-nous donner aux autres ? Et si demain une personne radicalement différente de moi s’installe dans le quartier, comment l’accueillerai-je ? Apprenons ensemble à changer de regard sur l’étranger et à l’aimer. Et comme l’a affirmé Jean-Pierre, « [Jésus] est le seul qui peut [nous] libérer durablement de [notre] peur de l’autre, cette peur qui empêche d’aller à l’encontre des préjugés ».
Commander Même pas peur ! de Jean-Pierre Magréault, BLF Éditions, 2017, p. 87.