Mon mariage : une bénédiction éphémère
J’ai beaucoup lu sur le thème du mariage. Je les ai compté et j’ai plus de 80 livres sur le sujet du mariage et de la famille sur mes étagères ! Je pensais donc naturellement que tout avait déjà été dit. Mais c’était sans compter Ce mariage éphémère. Je n’avais encore rien lu qui aborde le sujet du mariage (et du célibat) comme Piper le fait dans ce livre !
En fait, je suis bousculé à la lecture de ce livre, limite mal à l’aise. Je m’explique. J’aime ma femme et mes enfants, et depuis des années je répète à qui veut bien l’entendre combien ma famille est une formidable source de joie pour moi, une énorme bénédiction. Mais brusquement, quelqu’un me jette à la figure une réalité que j’avais peut-être délibérément refusé de regarder en face : ma famille est une bénédiction, certes, mais c’est une bénédiction éphémère qui ne dure que pendant quelques années sur la terre actuelle. Mon mariage, comme celui de Piper (et tous les autres mariages !) ne va pas durer longtemps. Quelques années tout au plus. Il est éphémère, car il n’est qu’une parabole illustrant une réalité qui nous sera dévoilée un jour. Et lorsque cette réalité prendra sa place, la parabole n’aura plus son utilité.
Vivre aussi mon mariage à la lumière de l’éternité ?
Depuis quelques années, je prends de plus en plus conscience que je dois vivre ma vie présente à la lumière de l’éternité. L’auteur Randy Alcorn m’a particulièrement interpellé sur ce sujet et j’ai lu et relu plusieurs de ses ouvrages. Mais à la lecture du livre de Piper, c’est comme si j’étais obligé d’appliquer le principe « tout vivre à la lumière de l’éternité » aussi à ma femme et mes enfants. Et ça me dérange quand même un peu…
« Les liens en Christ sont plus durables, et plus précieux, que les liens familiaux. »
« Le mariage est temporaire et il cédera finalement la place à la relation qu’il préfigure depuis le départ : la relation entre le Christ et l’Église – tout comme une photo devient superflue quand on se rencontre face à face. »
« C’est la fidélité au Christ qui détermine la valeur de la vie ; toutes les autres relations trouvent leur sens ultime dans cette relation. »
« Les liens familiaux ne sont que temporaires, mais les liens qui résultent de l’union avec le Christ sont éternels. Le mariage est une institution éphémère, mais ce qu’il représente durera éternellement. »
Piper insiste donc naturellement sur ce qu’il considère être la raison d’être du mariage : ce n’est pas, selon lui, de briser la solitude, ce n’est pas de connaître l’amour ou même d’apprendre à rester amoureux toute la vie… Non, le mariage, institution divine, vise bien plus haut et bien plus loin !
« Le but de ce livre est d’élargir votre vision du mariage. Comme l’a dit Bonhoeffer, le mariage est plus que l’amour entre deux personnes ; beaucoup plus. La signification du mariage a une portée incommensurable. Et je pèse mes mots. Le mariage consiste à manifester aux yeux de tous l’amour d’alliance entre le Christ et son peuple. »
Le mariage : une devanture de magasin ?
Là on est au cœur du livre : « Manifester aux yeux de tous l’amour d’alliance entre le Christ et son peuple » ! Le mariage est une parabole vivante et glorieuse qui décrit l’engagement de Dieu envers son peuple. Si tu es marié, alors tu deviens de facto une sorte de vitrine devant laquelle les gens s’arrêteront pour contempler :
« Regarde cette femme avec son mari… Tu vois, comment ils se parlent ? Tu vois comme elle réagit ?… Eh bien dis donc ! Ça, c’est de la grâce ! Ça, c’est du pardon ! Ça, c’est de l’amour ! Wow ! Mais alors, c’est donc ainsi que Dieu nous fait grâce ? C’est donc comme cela que Dieu nous pardonne ? Aaaahh ! Maintenant je comprends mieux quand on me dit que Dieu m’aime ! »
Selon Piper, c’est bien cela, la raison d’être du mariage. Nos mariages sont des devantures, des vitrines, des reflets, des représentations en chair et en os de vérités au sujet de Dieu.
Logiquement, il affirme alors qu’être marié n’est pas avant tout une question de rester amoureux l’un de l’autre, mais de garder l’alliance contractée. Si je divorce, non seulement je brise l’alliance entre moi et ma femme, mais je dis aussi des choses qui sont fausses au sujet de Jésus. Je ne suis pas un représentant fidèle de Jésus.
Il faut planter sa tente loin du tas de fumier !
Ce livre présente une approche profondément biblique du mariage, mais sur ce point, nous ne sommes pas surpris : c’est du Piper !
Ce livre présente une approche profondément réaliste et du mariage : et là j’ai été un peu plus surpris…
Piper s’éloigne délibérément des schémas humanistes et romantiques : non, le mariage ne sera pas un long fleuve tranquille ! Non, les sentiments ne doivent pas être le baromètre de nos vies de couple ! Oui, il faudra toute notre vie à deux gérer le péché et les manquements de nos deux vies et nous devons apprendre à bien les gérer…
« On peut se représenter le mariage comme une prairie. Au début, on y entre rempli d’espoir et de joie. En portant son regard vers l’avenir, on aperçoit de belles fleurs, de grands arbres et des collines verdoyantes à l’horizon. Cette beauté, c’est ce qu’on voit l’un chez l’autre. La prairie, les fleurs et les collines verdoyantes représentent votre relation l’un avec l’autre. Mais voilà que, rapidement, on commence à marcher dans des bouses de vaches. À certaines périodes de la vie de couple, on peut même avoir l’impression qu’il y en a partout. Tard le soir, elles sont particulièrement nombreuses. Ces bouses sont les péchés des deux conjoints, leurs manquements, leurs petites manies, leurs faiblesses et leurs habitudes exaspérantes.
Au début, on s’efforce de pardonner toutes ces choses et de les supporter avec grâce. Mais avec le temps elles semblent envahir la relation. Ce n’est pas forcément la réalité, mais, par moments, on a l’impression qu’il n’y a plus que ça dans votre prairie : des bouses de vaches ! En ce qui nous concerne, Noël et moi, nous sommes arrivés à la conclusion qu’à force de se supporter et de se pardonner, cela finit par créer un tas de compost. C’est là que s’amoncellent toutes les bouses ramassées à la pelle.
Alors, voici l’attitude que nous avons choisi d’adopter. On se regarde l’un l’autre en reconnaissant qu’il y a effectivement beaucoup de bouses. Mais on se dit aussi : tu sais, notre relation ne se résume pas à ces bouses de vaches ! Mais comme on n’arrête pas de se focaliser sur elles, on finit par l’oublier. Alors, ramassons-les et faisons-en un tas de compost. Quand il le faudra, on ira faire un tour près du compost, on sentira l’odeur qui s’en dégage, on aura mauvaise conscience et on s’efforcera d’y remédier le mieux possible. Puis on s’éloignera de ce tas de compost et on posera son regard sur le reste de la prairie. On choisira de parcourir certains de nos sentiers et collines préférés, dont on sait qu’ils ne sont pas jonchés de bouses de vache. Et on sera reconnaissants pour cette partie de la prairie qui est si agréable.
Voilà en ce qui nous concerne. Oh, nous aurons peut-être les mains sales, et nous serons probablement éreintés à force de ramasser toutes ces bouses à la pelle. Mais une chose est sûre : nous ne planterons pas notre tente à côté du tas de compost. Nous nous en approcherons seulement quand il le faudra. C’est un don de miséricorde que nous voulons nous offrir l’un à l’autre, encore et encore, parce que nous sommes choisis, saints et aimés. »
Je veux, comme Piper, ne pas me focaliser sur les bouses… mais plutôt apprendre à faire un beau tas de compost avec toutes les bouses de mon mariage, et continuer à parcourir avec Heidi les collines verdoyantes de mon mariage ! 🙂 Car il est éphémère. Il ne dure vraiment pas longtemps : il ne dure que le temps de notre vie sur terre. Je veux toujours me rappeler que mon mariage est d’abord et avant tout un engagement, une promesse qui reflète la promesse de Dieu envers nous. Certes, il est imparfait, mais il doit clairement pointer dans la direction de ce qu’il préfigure et que nous connaîtrons un jour, bientôt !
« Mais le jour où la perfection apparaîtra, ce qui est fragmentaire se trouvera dépassé et toute imperfection tombera. » (1 Corinthiens 13 :10 – Parole vivante)
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