La générosité est la disposition de cœur qui conduit à donner ou à se donner, ainsi que l’acte, ou les actes, qui concrétisent cette disposition. Il y a générosité lorsqu’un don exprime une largesse et qu’il est librement consenti, dans le souci de l’autre. Une personne est généreuse de cœur ou dans ses jugements si elle fait une large part à autrui. Un acte est généreux si, par-delà tout calcul, il privilégie l’autre. Il le sera aussi s’il dépasse la mesure de ce qui, dans une situation donnée, est considéré comme normalement requis ou attendu.
La générosité, pour exister, doit exprimer une liberté: c’est ce qu’exprime le mot proche de «libéralité». Donner par contrainte extérieure n’est pas faire acte de générosité, même si le don est important. Il faut un minimum de choix personnel pour qu’il y ait générosité. La générosité peut cependant procéder d’un sens du devoir, ou d’une obligation intérieure, pour peu que le don qui en résulte exprime un choix assumé. La générosité, pour subsister comme telle, doit être orientée vers l’autre. Un don effectué comme un investissement personnel, ou dans le but d’en obtenir un retour, n’est pas une générosité. La générosité requiert une dimension de gratuité, même si un retour peut en résulter.
La générosité peut être motivée par le souci de la justice. Mais les deux ne se confondent pas. La justice vise à attribuer à chacun ce qui lui revient, ou qui lui est dû. La générosité donne ce qui appartient à celui qui donne, ou qui manque à celui qui reçoit. « Il faut être juste avant d’être généreux, comme on a des chemises avant d’avoir des dentelles.» La justice a un aspect objectif, universel et réfléchi; elle s’impose à tous. La générosité est plus subjective, plus singulière, plus spontanée ; elle doit procéder d’une libre décision. La générosité est souvent une expression de l’amour. Mais on peut être généreux sans aimer: par refus de l’injustice, par dégoût du malheur, par mauvaise conscience. Certains se demandent si l’on peut qualifier de générosité les actes accomplis en faveur de ceux que l’on aime déjà : aimer ses enfants, ses amis, est-ce être généreux? Tout le monde n’est-il pas capable de générosité, quand il est porté vers l’autre dans la joie et la plénitude qu’apporte l’amour?
Ces questionnements traduisent le fait que l’amour contient, en lui-même, toutes les vertus: être parfait dans l’amour, c’est être parfait dans toutes les vertus. La générosité est ainsi contenue dans l’amour: le don fait partie de l’amour au point qu’il semble que là où il y a amour, on n’a plus à souligner la générosité. Par contre, sans générosité, l’amour s’affaiblit et s’étiole. L’amour, pour exister, a besoin de s’exprimer par le don, et il s’y renouvelle. La générosité a donc sa place dans l’amour, en tant que «supplément d’âme» et que langage relationnel. Dieu, dans sa grâce, préserve pour ceux qui l’aiment, des espaces pour la générosité. S’il nous demande de l’aimer de tout notre cœur, il ne prescrit pas toutes les modalités de cet amour. Il y a place, ainsi, pour de libres expressions de l’amour, pour un langage de générosité envers Dieu et le prochain qui s’oppose à un service calculateur et minimaliste (2 Cor. 8: 1-5). Mais cette libre expression de l’amour pour Dieu et le prochain se vit toujours dans l’humilité et la conscience que la générosité de Dieu est absolument première et englobante : nous ne pouvons offrir que ce que nous avons d’abord reçu (1 Chr. 29: 14).
Il y a place, aussi, pour une générosité du peuple de Dieu qui dépasse les comportements personnels. Certaines lois instituées par Dieu pour Israël, en faveur des plus faibles, sont très généreuses, au regard des pratiques des autres peuples contemporains. Si Dieu invite l’individu à la générosité, il veut aussi que son peuple, en tant que peuple, soit généreux.
Extrait du livre Une approche biblique de la générosité (CNEF)