Sophie Scholl: Résistante au nazisme à 21 ans
Dans le livre Courageuses, Catherine Parks nous partage 11 portraits de femmes ordinaires, dont les vies extraordinaires ont eu un impact bien plus important que tout ce qu’elles auraient pu imaginer. Des femmes qui, au travers de la puissance de Dieu manifestée dans leurs vies, ont eu une influence sur des milliers de personnes. Je vous partage aujourd’hui l’histoire de Sophie Scholl, qui avait seulement 12 ans lorsque Hitler a pris le pouvoir.
Sophie Scholl naît le 9 mai 1921 et grandit en Allemagne, dans une ville entourée de forêts. Avec ses frères et sœurs, elle passe ses journées à vivre un tas d’aventures, à cueillir des baies, ramasser des champignons et jouer des pièces de théâtre... avec pour seul public les arbres et les buissons de la forêt. Elle aime nager et passer du temps au bord de l’eau. Au printemps, les rues de sa ville sont souvent inondées, et il est alors bien difficile de se déplacer à pied. Son père finit donc par acheter des échasses pour ses enfants, qui s’en servent pour traverser les rues comme des aventuriers. Mais aucune de ces aventures ne prépare Sophie Scholl à affronter ce qu’elle devra endurer quelques années plus tard. Alors qu’elle n’a que douze ans, un nouveau dirigeant arrive au pouvoir en Allemagne. Il s’appelle Adolf Hitler.
De nombreux Allemands pensent que leur situation va s’améliorer grâce à ce nouveau responsable politique, mais le père de Sophie n’est pas de cet avis. Il encourage ses enfants à faire bien attention à ce qui se passe: Hitler et ses représentants privent de plus en plus les Allemands de leurs libertés, et surtout de la liberté d’avoir leurs propres opinions, leurs propres idées, leurs propres croyances. Plus le temps passe, plus le gouvernement allemand dicte à ses citoyens ce qu’ils ont le droit de penser et de dire.
Comme ses frères et sœurs, Sophie est bientôt obligée de rejoindre les Jeunesses hitlériennes, mouvement au sein duquel on lui enseigne ce qu’elle doit penser et dire. Les enfants sont constamment maintenus occupés de telle sorte qu’ils n’ont pas le temps de discuter entre eux ou de développer leurs propres idées. Dans ces clubs, on leur explique que certaines personnes n’ont pas autant de valeur que d’autres. On leur enseigne donc à mépriser certains groupes de personnes. Sophie voit ainsi plusieurs de ses camarades de classe se faire exclure de ces clubs simplement parce qu’ils sont Juifs. Au début, les gens ne s’inquiètent pas trop de la situation mais bientôt, tous les Juifs sont obligés de porter une étoile de David, cousue sur leurs vêtements, et d'apposer des pancartes sur la devanture de leurs boutiques pour que tout le monde sache qu’ils sont Juifs. Puisque les gens ne sont pas encouragés à penser par eux-mêmes, ils ont tendance à faire pleinement confiance à leurs responsables, y compris quand ceux-ci leur disent de toujours se méfier de leurs voisins juifs...
La plupart des Juifs sont finalement contraints de quitter leurs maisons pour aller vivre dans un ghetto, quartier de la ville qui leur est réservé. Ils ont le droit de se promener dans la ville, mais seulement pendant certaines heures de la journée ; des hommes malveillants les surveillent constamment. Dans les rues, adultes et enfants les insultent... Imagine que pendant des années on te dise que ton voisin est quelqu’un de mauvais! Que tous les jours, tu vois les gens de ton quartier insulter ton voisin et sa famille... Peut-être que toi aussi tu te serais joint aux cris et aux insultes! Tu penserais peut-être que c’est normal, après tout. Malheureusement, c’est ce que vivaient de nombreux jeunes enfants en Allemagne à cette époque.
Finalement, beaucoup de Juifs ont commencé à disparaître. On a alors dit aux Allemands que leurs voisins juifs avaient été déplacés dans des camps de travail, où ils fabriquaient des munitions pour la guerre qui opposait alors l’Allemagne à d’autres pays. C’était la Seconde Guerre mondiale. C’était en partie vrai, mais ce qu’on cachait à la population allemande, c’était que ces camps servaient aussi à tuer des millions de Juifs et autres groupes de personnes dont Hitler et ses dirigeants voulaient se débarrasser.
Sophie comprend que quelque chose ne tourne pas rond... Elle en a assez qu’on lui dise toujours ce qu’elle doit penser. Plus elle apprend de choses au sujet d’Hitler et de son équipe, plus elle est convaincue qu’il faut à tout prix l’empêcher de réaliser ses projets. À l’âge de vingt-et-un an, elle rejoint son frère Hans et ses amis au sein d’une organisation secrète: «La Rose blanche.» Ensemble, ils rédigent, impriment, puis distribuent des tracts remettant en question ce que le gouvernement veut faire croire à ses citoyens. Les membres de La Rose blanche encouragent les gens à ouvrir les yeux et à prendre conscience de ce qui se passe dans leur pays au lieu de croire Hitler sur parole. Ils distribuent leurs tracts en secret dans les universités, espérant ainsi que d’autres étudiants commencent à se poser des questions et à chercher, ensemble, à stopper les plans d’Hitler pour l’Allemagne.
Faire partie de La Rose blanche est extrêmement dangereux. Sophie et Hans savent que si quelqu’un découvre que ce sont eux qui distribuent ces tracts, ils seront immédiatement arrêtés et accusés de haute trahison (c’est-à-dire d’avoir agi contre les intérêts du gouvernement de leur pays). Et la sanction sera... la peine de mort. Sophie, Hans et tous ceux qui travaillent à leurs côtés sont pourtant convaincus qu’ils doivent agir pour faire cesser les atrocités commises sur des millions de personnes dans leur pays. Ils ont conscience du risque qu’ils prennent, mais ils choisissent d’agir malgré tout.
Le jeudi 18 février 1943, Sophie et Hans se rendent à l’université de Munich, une petite valise à la main. Celle-ci est remplie de tracts appelant les Allemands à s’opposer à Hitler. Pendant que les étudiants sont en cours, Sophie et Hans traversent les couloirs et déposent leurs tracts devant les portes de chaque salle de classe. En sortant du bâtiment, ils s’aperçoivent qu’il leur reste encore quelques tracts au fond de la valise. Ils font alors demi-tour, franchissent à nouveau les portes de l’université, arrivent dans une cour, grimpent les escaliers jusqu’au dernier étage, puis ils se penchent au-dessus de la balustrade et jettent les tracts. Les feuilles de papier virevoltent jusqu’au niveau inférieur, où les étudiants sortent tout juste de leurs cours. Hans et Sophie repartent, tentant de se fondre dans la foule des étudiants. Mais un agent d’entretien a vu toute la scène! Il les saisit par le bras et s’écrie: «Vous êtes en état d’arrestation!»
Hans et Sophie sont conduits à la Gestapo où ils sont interrogés par un officier nommé Robert Mohr. La «Gestapo», c’est la police secrète créée par Hitler. Elle a comme mission d’accomplir tous les désirs d’Hitler et de punir tous ceux qui osent désobéir à ses ordres. Mohr pose de nombreuses questions à Sophie et à Hans. D’autres officiers de la Gestapo fouillent leurs appartements respectifs et ce qu’ils y trouvent prouvent que les deux jeunes sont effectivement impliqués dans La Rose blanche. Ils arrêtent également l’un de leurs amis, Christoph Probst. Tous les trois sont accusés de haute trahison.
Sophie est interrogée pendant de longues heures toute la nuit, mais elle est en paix. Dans la prison de la Gestapo, elle partage sa cellule avec une femme qui écrira plus tard, en parlant de Sophie: «Tu dormais profondément. Comme je t’admirais! Toutes ces heures d’interrogatoire n’avaient rien changé à ton calme et à ta sérénité. Ta foi profonde est restée inébranlable: elle t’a donné la force de sacrifier ta vie pour les autres.»
Mohr fait tout pour que Sophie change d’avis ou admette qu’elle s’est peut-être trompée. Il lui explique qu’Hans et elle ont tort de penser que l’Allemagne ne pourrait jamais gagner la guerre. Puis il ajoute:
Mademoiselle Scholl, si vous aviez réfléchi à tout ce que je viens de vous expliquer, vous ne vous seriez pas laissée aller à de tels agissements, n’est-ce pas? Sophie lui répond courageusement:
- Vous vous trompez. Si c’était à refaire, je ne changerais absolument rien. Car ce n’est pas moi qui ai une mauvaise philosophie de la vie: c’est vous!
Deux jours plus tard, Sophie, Hans, et Christoph sont conduits devant un juge qui les condamne à mort pour actes de trahison. Lorsque Sophie voit ses parents pour la dernière fois, ils se prennent dans les bras et se réconfortent mutuellement. Ils lui offrent même un bonbon qu’elle accepte avec joie. Au milieu de circonstances terribles, elle apprécie ce petit plaisir. Cependant, elle s’inquiète pour sa mère qui va bientôt perdre deux de ses enfants. Sa mère lui dit:
Souviens-toi, Sophie, Jésus.
Sophie répond: Oui, mais toi aussi, tu dois t’en souvenir.
Puis elle est emmenée par les gardes.
Le directeur de la prison rédigera, quelque temps plus tard, un compte-rendu au sujet de Hans, Sophie et Christoph. Voici ce qu’il dira en parlant de leurs derniers instants: «Ils étaient si incroyablement courageux. La prison tout entière était impressionnée.» Les trois jeunes gens ont le droit de se retrouver ensemble une dernière fois pendant juste quelques minutes, puis on les fait sortir un par un. Sophie est partie en premier. Le directeur écrira à son sujet: «Elle part sans broncher. Personne parmi nous ne pouvait comprendre comment c’était possible. Le bourreau a déclaré qu’il n’avait jamais vu qui que ce soit mourir comme ça. Et Hans, avant d’être décapité, a crié d’une voix si forte que tout le monde, dans cette grande prison, l’a entendu: «Vive la liberté!»
Après la guerre, Robert Mohr, celui qui les avait interrogés, écrira que Sophie et Hans avaient tous deux affirmé: «Aucun sacrifice n’est trop grand pour ne pas être offert avec joie» s’il pouvait servir à sauver quelques vies (celles du peuple allemand, mais aussi celles de ses soldats). Ils ont chacun cherché à prendre sur eux l’entière responsabilité des faits qui leur étaient reprochés afin que leurs amis ne soient pas châtiés avec eux. Mohr conclut: «Jusqu’au bout, Sophie et Hans Scholl étaient persuadés que leur sacrifice n’était pas vain.»
As-tu déjà vu quelqu’un se montrer méchant ou cruel vis-à-vis d’une autre personne (peut-être une fille qui disait du mal d’une autre fille dans ta classe, ou bien un garçon qui bousculait un autre garçon)? As-tu déjà vu un enseignant se montrer injuste envers un élève? As-tu déjà entendu des adultes ou des enfants parler de gens d’un autre pays ou d’un arrière-plan différent et dire qu’ils étaient moins importants qu’eux et qu’ils ne valaient pas la peine d’être respectés?
Plus on grandit, plus on remarque ce genre de choses. Dieu aime la justice; mais dans notre monde déchiré, c’est souvent l’injustice qui semble régner. Il ne s’agit peut- être pas d’une injustice comme celle dont Sophie a été témoin, mais les êtres humains sont trop souvent cruels et méchants les uns avec les autres. Et on ne sait pas toujours comment réagir face à l’injustice. Doit-on la dénoncer? Est-ce acceptable de découvrir une injustice et de choisir rien faire? Est-ce normal de la laisser perdurer tant que l’on n’y est pas directement associé?
Dans la Bible, l’un des noms de Jésus est «Prince de paix». Pour nous, le mot «paix» signifie généralement «absence de conflit». Par exemple, on dit d’un voyage en voiture qu’il est paisible lorsque personne ne se dispute. On pense souvent que pour maintenir la paix, il vaut mieux se taire.
Mais dans la Bible, le mot paix signifie bien plus que cela: il évoque un sentiment de richesse et de plénitude. Ce n’est pas simplement l’absence de disputes. Une personne marquée par la paix est riche: elle possède tout ce dont elle a besoin pour grandir et apprécier sa vie. Elle vit avec joie comme Dieu veut qu’elle vive: elle marche sur les chemins que Dieu a tracés pour son existence.
En tant que disciples du Prince de la paix, les chrétiens ont pour tâche de répandre cette paix à ceux qui les entourent: au sein de leur foyer, leur école, leur voisinage, leur ville, et partout dans le monde. Par conséquent, lorsque nous remarquons que des gens ne vivent pas cette richesse et cette plénitude de la paix, lorsqu’ils ne vivent pas en harmonie les uns avec les autres, nous devrions chercher à en connaître les raisons pour tenter de changer les choses. La plupart du temps, ce n’est pas facile, mais le Dieu que nous servons nous donne son Saint-Esprit qui nous arme de courage pour faire ce qui est juste.
La plupart du temps, nous défendons ce qui est juste dans des petites choses: dire à un camarade de classe d’arrêter d’être méchant ou à une amie d’arrêter de mal parler de ceux qui ne lui ressemblent pas.
L’histoire de Sophie n’est pas ordinaire. Contrairement à elle, nous ne nous retrouverons probablement jamais dans une situation où nous devrons faire un choix aussi difficile pour défendre une cause juste et risquer la peine de mort. Néanmoins, le Dieu qui lui a donné la paix et le courage est le même Dieu qui t’aidera à défendre la vérité et la justice là où tu te trouves. C’est l’amour pour Jésus qui a poussé Sophie à donner sa vie; ce même amour peut te rendre capable de défendre un camarade qui se fait harceler. Dieu est fidèle pour soutenir tous ceux et toutes celles qui répandent sa paix dans leur foyer, leur communauté et à travers le monde entier.
Cette biographie est un extrait du livre Courageuses de Katherine Parks. Il propose 11 récits de femmes ordinaires que Dieu a équipées de sa puissance extraordinaire.